Après Alzheimer, la maladie de Parkinson est la deuxième maladie neurodégénérative la plus importante en France. Sa prise en charge a beaucoup évolué ces dernières années et comprend désormais un volet rééducation. En effet, la rééducation dans le cadre de la maladie de Parkinson a un double impact positif : le maintien de l’autonomie et un rôle neuroprotecteur. Elle améliore les symptômes moteurs grâce à une kinésithérapie adaptée, et elle réduit aussi les troubles de la voix, de la parole et de la déglutition par des séances d’orthophonie. En outre, elle gagne à être initiée dès l’annonce du diagnostic pour profiter de ses bienfaits préventifs.
Assas Formations Santé, spécialiste de la formation santé, fait le point sur la maladie de Parkinson, les objectifs et techniques de rééducation kinésithérapique, et leurs bénéfices pour le patient.
Qu’est-ce que la maladie de Parkinson ?
La maladie de Parkinson affecte le cerveau et entraîne des problèmes moteurs, des troubles cognitifs, des troubles du langage et du sommeil, de la dépression, de la démence, des douleurs (contractions musculaires) et encore d’autres symptômes. On n’en connait pas la cause, mais on sait que le risque de contracter cette maladie est plus élevé chez les sujets âgés, plutôt de sexe masculin, ainsi que chez les personnes présentant des antécédents familiaux de la maladie (pour 15%). Les facteurs environnementaux influencent également la survenue de la maladie de Parkinson (pollution de l’air, pesticides, solvants). Enfin, dans 5% des cas, la maladie est due à un gène.
Il s’agit donc d’une dégénérescence neuronale multifactorielle qui entraîne des taux d’invalidité élevés. Elle s’aggrave avec le temps et ne peut être guérie. Cependant, des thérapies et des médicaments permettent de réduire les symptômes et d’améliorer la qualité de vie du patient. On distingue trois phases d’évolution de la maladie : la phase précoce (atteinte unilatérale), la phase dite « compliquée » (atteinte bilatérale), la phase dite « tardive » (perte d’autonomie et taux d’invalidité élevé).
Parmi les symptômes moteurs les plus fréquents, on identifie l’akinésie, la bradykinésie et/ou l’hypokinésie (difficulté, lenteur et pauvreté du mouvement). On relève aussi une certaine rigidité des membres (hypertonie), ainsi que des tremblements, surtout au repos.
Par ailleurs, les patients développent aussi des symptômes non moteurs (jusqu’à 70% des patients), tels que des problèmes de sommeil, une perte d’odorat (anosmie), des troubles cognitifs et mentaux, des troubles de l’équilibre, des troubles digestifs, des douleurs, etc.
Quels sont les objectifs de la rééducation de la maladie de Parkinson ?
La rééducation des patients souffrant de la maladie de Parkinson possède plusieurs objectifs :
- Maintenir les capacités motrices (mobilité, coordination, équilibre) pour faciliter le contrôle du mouvement, limiter les douleurs (raideurs, contractures), conserver le tonus musculaire et la souplesse des articulations.
- Développer des stratégies de compensation, notamment pour gérer les tremblements et la rigidité musculaire.
- Soutenir les capacités cognitives (capacités attentionnelles), phonatoires, respiratoires et de déglutition.
- Préserver l’autonomie fonctionnelle le plus longtemps possible en incitant à l’activité physique (maintien du mouvement, des gestes quotidiens, de la marche).
- Éduquer le patient et son entourage aux bonnes pratiques quotidiennes (exercices physiques, posture, stratégie pour réduire le risque de chutes, etc.).
La kinésithérapie – à domicile, à l’hôpital ou en EHPAD – améliore globalement les capacités physiques des patients, ce qui rend le traitement médicamenteux plus efficace. Elle intervient à chaque niveau de la maladie, de l’atteinte unilatérale à la perte totale d’autonomie. Dans un premier temps, l’équipe de santé (kinésithérapeute, orthophoniste, ergothérapeute) met en place une activité physique adaptée (APA) et une prise en charge réadaptative pour maintenir l’autonomie. Puis, dans un second temps, les soins visent à conserver le plus grand confort de vie possible via la réadaptation et l’adaptation de l’environnement aux capacités restantes.
Quelles sont les techniques de rééducation de la maladie de Parkinson ?
Les exercices de rééducation visent principalement à réduire l’akinésie et les troubles de la coordination. Ainsi, la kinésithérapie se focalise sur les atteintes fonctionnelles spécifiques de la maladie de Parkinson : l’équilibre, le redressement, la respiration, l’adresse motrice et la locomotion. Par ailleurs, la kinésithérapie intervient aussi par des mobilisations passives et massages pour réduire les troubles articulaires des membres et du rachis.
Elle intervient aux différents stades de la maladie :
- Au début de la maladie, la rééducation n’est pas systématique, mais le kiné intervient pour éduquer à l’exercice physique, tout en traitant un symptôme spécifique si besoin.
- En phase d’état, la kinésithérapie prévoit des exercices de gymnastique adaptés pour préserver les paramètres du mouvement et conserver les séquences fonctionnelles (variation de positions, marche, équilibre). Il s’agit principalement d’exercices de physiothérapie, d’étirements, de renforcement musculaire et d’exercices de coordination. Enfin, la rééducation par mouvements forcés a montré de bons résultats. Les malades sont invités à dépasser leurs performances par la pratique d’exercices spécifiques, répétitifs et intenses, comme la marche sur tapis roulant.
- En phase avancée, le kiné combine des exercices on, à dominante active et gymnique, et des exercices off, à dominante passive et fonctionnelle. La rééducation soulage les troubles orthopédiques, ainsi que les troubles posturaux et respiratoires. Le kiné préconise également l’adaptation de l’environnement et des appareillages. Pour faciliter le travail du patient, les kinés ont recours à la technique par indiçage visuel et sonore pour inciter et guider les patients dans les mouvements à accomplir, en particulier la marche. De même, les thérapies occupationnelles facilitent l’exécution des tâches quotidiennes.
- En phase tardive, la kinésithérapie participe aux soins de nursing avec les ergothérapeutes et infirmières pour maintenir les capacités vitales, notamment respiratoires.
Quels sont les bénéfices de la rééducation de la maladie de Parkinson ?
La rééducation à destination des patients atteints de la maladie de Parkinson atténue les symptômes et augmente l’efficacité du traitement par médicaments.
Il est prouvé que l’activité physique – gymnastique, yoga, taï-chi, qi gong, etc. – diminue les dyskinésies, renforce l’équilibre et améliore la vitesse de la marche, mais possède également des effets bénéfiques sur la dépression. Par ailleurs, toutes les activités de marche (marche nordique avec bâtons ou pédalage soutenu sans résistance) minorent les symptômes moteurs et les douleurs, développent la force des membres inférieurs ainsi que la capacité cardio-respiratoire. Enfin, elle ralentit les effets du syndrome extra-pyramidal.
Plus généralement, la kinésithérapie accompagne les patients dans l’aménagement de leur quotidien et contribue à les soutenir moralement, ce qui est fondamental pour maintenir la motivation et préserver au maximum l’autonomie et la qualité de vie. Notamment, on peut relever que la pratique intensive d’exercices physiques favorise la synthèse puis la libération de dopamine, hormone qui agit positivement sur l’humeur. En outre, la pratique d’une activité physique adaptée diminue les troubles cognitifs.
Par ailleurs, les patients peuvent aussi bénéficier d’une rééducation orthophonique pour pallier les troubles phonatoires et de déglutition, ainsi que d’un traitement orthopédique pour améliorer le confort de la marche.
Pourquoi faire une formation en rééducation de la maladie de Parkinson ?
Afin d’assurer une prise en charge optimale des patients souffrant de la maladie de Parkinson, les masseurs-kinésithérapeutes suivent une formation maladie de Parkinson. Cette formation continue a comme objectif l’acquisition des connaissances nécessaires à l’évaluation et à la rééducation kinésithérapique des patients atteints de syndromes extra-pyramidaux. Les kinés peuvent ainsi améliorer leur offre de soins, conformément aux recommandations de la HAS (Haute Autorité de Santé).
Les savoirs visés par la formation concernent les connaissances théoriques liées à la maladie, les différentes techniques et pratiques, les savoir-faire opérationnels et relationnels. Un kinésithérapeute dûment formé pourra concevoir et conduire un projet thérapeutique adapté à chaque patient, en évaluer l’efficacité et l’adapter à ses besoins, en fonction des différentes thérapeutiques et traitements médicamenteux dont il fait l’objet.
La formation est aussi l’occasion d’aborder les différentes méthodes thérapeutiques telles que la méthode PWR (Parkinson’s Wellness Recovery) et la méthode LSVT BIG (Lee Silverman Voice Treatment, adapté aux patients ayant la maladie de Parkinson et basé sur l’amplitude de mouvements).
La maladie de Parkinson touche de plus en plus de personnes du fait du vieillissement de la population. Les professionnels de santé doivent relever le défi d’adapter leurs soins aux différents stades de la maladie, aux besoins et aux profils des patients. Grâce aux séances de kinésithérapie, les patients conservent plus longtemps leur autonomie et sont éduqués aux divers moyens de préserver leurs facultés motrices et mentales. La kinésithérapie participe à l’amélioration de la qualité de vie des patients atteints de Parkinson.
Parmi toutes les formations continues de kinésithérapie, la formation dédiée à la maladie de Parkinson permet aux masseurs-kinésithérapeutes de mieux comprendre et soigner les patients, de se tenir à jour des avancées de la recherche et des bénéfices des méthodes les plus récentes. Et pour améliorer ses capacités d’analyse, de bilan et de diagnostic, la formation continue drapeaux rouges apporte, elle aussi, des compétences indispensables aux kinés.