L’evidence-based practice est un paradigme qui a cours dans le secteur médical et paramédical, notamment en masso-kinésithérapie où il connaît un fort développement. Il fait désormais partie des enseignements en formation initiale et continue des études de kiné. L’EBP repose sur des fondements scientifiques et expérimentaux appliqués aux spécificités et particularités de chaque patient. Il s’intègre parfaitement aux pratiques des professionnels de la rééducation dont les orientations thérapeutiques sont toujours raisonnées et justifiées.
Assas Formations Santé, spécialiste de la formation santé, réserve une part de ses enseignements à l’evidence-based practice, en tant que pratique fondée sur les preuves et reconnue sur le plan international par la communauté médicale.
Définition de l’evidence-based practice
Si l’on s’en tient à la traduction de l’anglais des termes de l’EBP, evidence-based practice signifie « pratique fondée sur les preuves ». Et sa définition officielle rappelle « l’utilisation consciencieuse, explicite et judicieuse des meilleures preuves scientifiques récentes lors des choix concernant les soins de patients individuels ». Il s’agit de croiser plusieurs données : l’expertise clinique du kiné, les preuves issues de la recherche scientifique et identifiables dans des publications, ainsi que les préférences et valeurs de chaque patient. Le kinésithérapeute participe à un projet thérapeutique global dans lequel chaque intervention dispense des soins pour améliorer la qualité de vie du patient. En recourant à un traitement suivant l’EBP, l’ensemble de l’équipe soignante décide des meilleurs soins à dispenser en fonction des preuves de résultat et du profil individuel des personnes prises en charge.
Les formations continues de kinésithérapie mettent en avant le recours à la science et aux résultats de la recherche pour guider sa pratique et s’adapter à chaque patient, comme le préconise l’evidence-based practice.
Quand et comment est né l’evidence-based practice ?
L’evidence-based practice trouve son origine dans l’EBM (evidence-based medicine) développée en 1992 par un médecin canadien, Gordon Guyatt. Il s’agit d’une approche interdisciplinaire de la pratique clinique qui consiste à privilégier les thérapeutiques qui ont fait leurs preuves. Les praticiens se réfèrent aux publications scientifiques qui délivrent des résultats probants sourcés et validés par la communauté d’experts scientifiques. La pratique de l’EBM diminue la part de subjectivité du soignant pour se concentrer sur les preuves et l’examen des données issues de la recherche clinique. Elle concerne tous les secteurs médicaux (buccodentaire, santé publique, etc.) et paramédicaux (kinésithérapie, soins infirmiers …) mais aussi celui de l’éducation.
Toutefois, la pratique de l’EBM a connu des dérives lorsqu’elle a été récupérée par les tenants du mouvement « New Public Management ». Cette doctrine de gestion publique vise à appliquer des méthodes issues de l’entreprise aux services publics, avec comme idée directrice « faire mieux avec un minimum de dépenses ». Cela a pu conduire à négliger l’expertise clinique ainsi que les valeurs et préférences du patient. D’où un retour vers une pratique reconnaissant le caractère indispensable de ces éléments pour soigner au mieux les patients. Ainsi, l’evidence-based practice associe les trois volets scientifique, expertise clinique et singularité du patient. En outre, lors de leur formation, les étudiants en masso-kinésithérapie reçoivent un enseignement qui leur permet de distinguer les études probantes dans l’ensemble de la littérature médicale. Ainsi, ils développent leur esprit critique et deviennent aptes à mobiliser des outils pour l’exercer tout au long de leur carrière professionnelle.
À quoi sert l’evidence-based practice ?
Face à l’augmentation du volume de publications dans le domaine de la physiothérapie, la pratique de l’EBP apparaît comme une nécessité pour les kinésithérapeutes. Grâce à cette pratique, ils peuvent décider de recourir aux meilleures données disponibles et adapter leur éventail de soins pour maximiser les chances de réussite thérapeutique.
Il apparaît alors que l’EBP, tout en étant un mode de pratique au quotidien, repose sur le principe de la formation continue pendant la durée de la carrière. C’est en effet le meilleur moyen de garder ses connaissances à jour et de faire évoluer sa pratique. Ainsi, rien que dans le domaine du sport, la recherche a permis une diversification des approches et une meilleure efficience des techniques et traitements adoptés pour les patients sportifs. Les formations kiné du sport jouent un rôle important dans la transmission des dernières avancées scientifiques et font évoluer la pratique du métier de masseur-kinésithérapeute. Cependant, être averti des dernières avancées en kinésithérapie est une bonne chose, mais c’est encore mieux d’être en mesure d’en déterminer l’applicabilité, la qualité, la valeur et l’intérêt face aux questions d’ordre clinique.
Comment fonctionne l’evidence-based practice ?
La pratique de l’evidence-based practice se propose de personnaliser les projets thérapeutiques et le choix du type de technique selon trois points : les meilleures données récentes de la recherche clinique, le profil du patient avec ses besoins et ses habitudes et l’expertise clinique du praticien (connaissances, expérience et capacité à établir un diagnostic et à réfléchir sur sa pratique). Une fois ces trois éléments rassemblés, le thérapeute prend une décision dont découle la prise en charge du patient en séance de rééducation dans son cabinet.
Cette décision se base sur une réflexion qui s’appuie sur le paradigme de l’EBP. C’est-à-dire à partir d’une matrice disciplinaire, un modèle théorique ou un courant de pensée. Elle comprend en général cinq étapes :
- Formuler une problématique clinique spécifique au patient ;
- Répertorier les meilleures données disponibles (articles cliniques issus de la littérature en rapport avec le problème visé)
- Évaluation critique des preuves rassemblées (existe-t-il un biais qui les invalide ? sont-elles utiles pour le profil du patient concerné ?) ;
- Mise en œuvre dans la pratique clinique (prise en compte des caractéristiques individuelles du patient, information à son intention, travail en séance) ;
- Évaluation de sa pratique professionnelle et de l’utilité de la démarche EBP pour poursuivre le raisonnement en reprenant les quatre premières étapes.
Comment appliquer l’evidence-based practice en kinésithérapie ?
En kinésithérapie, l’evidence-based practice s’applique à travers une démarche systématique qui comprend :
- L’accès aux données de la recherche (savoir se documenter et comment constituer une bibliographie, connaître et utiliser les outils de recherche) ;
- Trier, sélectionner et hiérarchiser les données recueillies ;
- Évaluer la validité de la preuve et déterminer son niveau pour ne conserver que les données pertinentes ;
- Maîtriser la définition des termes couramment utilisés (en biomécanique, physiopathologie…) pour mieux comprendre les données et s’en servir ;
- Écoute du patient (anamnèse) et examen clinique pour déterminer les besoins et attentes ;
- Établir un diagnostic en utilisant les concepts du raisonnement clinique ;
- Évaluer les différents traitements possibles au regard des connaissances actuelles.
L’EBP est enseigné en formation initiale au sein des instituts de formation en masso-kinésithérapie (IFMK), mais aussi en formation continue, notamment à travers des formations kiné e-learning (100 % en ligne ou mixte).
Quelles sont les limites de l’evidence-based practice ?
L’evidence-based practice s’inscrit dans une démarche d’amélioration constante des pratiques en kinésithérapie. Cependant, elle ne se substitue pas aux qualités intrinsèques des kinés consciencieux qui font preuve d’écoute et de compassion envers leurs patients. L’EBP est un outil d’aide à la prise de décision clinique, mais seul le praticien est à même de juger ce qui convient le mieux à ses patients.
De plus, le temps nécessaire pour rassembler de la documentation scientifique peut constituer un frein à l’intégration de l’EPB dans la pratique des kinés. Il s’agit donc de trouver un juste équilibre entre contrainte de temps et efficacité de l’evidence-based practice.
D’autres méthodes et approches contribuent également à améliorer la prise en charge des patients. Ainsi, vous pourriez être intéressé par l’une de nos formations Pilates pour kiné, ou alors avoir besoin de suivre une formation pour ouvrir un cabinet libéral.