Le crochet est une technique manuelle utilisée en kinésithérapie pour accéder à des zones inaccessibles aux mains. Cette technique inspirée de la médecine chinoise donne d’excellents résultats auprès des patients. Elle nécessite de la part du praticien une maîtrise totale de l’anatomie et des pathologies des tissus mous. Assas Formations Santé, spécialiste de la formation santé inclut cette méthode dans ses formations et revient sur cette technique dans cet article. Quelle est la définition du crochetage en kiné et comment fonctionne cette technique ? Quelles sont les indications et bénéfices du crochet, ainsi que les précautions et contre-indications ? Comment se déroule une séance de crochet en cabinet de rééducation kiné ? Comment se former à cette technique ?
Définition du crochetage en kiné
La technique du crochet a été mise au point dans les années 1950 par un kinésithérapeute suédois du nom de Kurt Ekman, collaborateur du docteur Cyriax. L’idée de départ est de concevoir des instruments qui permettent d’atteindre des zones profondes, et avec plus de précision qu’avec les doigts. Ces outils, munis d’une spatule, présentent différentes courbures et différentes tailles en fonction de l’anatomie à traiter. En effet, les espaces inter-musculaires entre les aponévroses sont difficiles d’accès alors même qu’ils conditionnent le bon fonctionnement des groupes musculaires et des articulations. De même, pour les couples tendons-muscles et leurs insertions osseuses qui vont alors pouvoir être traités par thérapie manuelle.
Grâce à son kit de crochets, le kiné accède à des tissus mous (muscles, fascias, tendons, ligaments) et contribue par son action à restituer de la mobilité tissulaire. D’abord utilisé pour traiter les pathologies du sport comme les tendinites, le crochetage myo-aponévrotique s’étend désormais au traitement de nombreuses pathologies des tissus conjonctifs en cabinet. Le praticien a recours à deux types de crochets en fonction de la zone à atteindre : les crochets durs en acier inoxydable pour les zones profondes et les crochets souples en plastique, plus doux, utilisés pour les pathologies aiguës.
Comment fonctionne la technique kiné du crochet ?
La technique du crochet en séance de kinésithérapie repose sur quatre fondements :
- la pleine connaissance de l’anatomie et la capacité à déterminer les zones à traiter grâce à la palpation ;
- la précision du traitement pour cibler le tissu conjonctif en profondeur ;
- la garantie d’un traitement sans douleur ;
- l’adaptation optimale aux différentes structures à traiter grâce aux différents modèles du set de crochets.
Le masseur-kinésithérapeute met en œuvre toutes ses connaissances anatomiques et ses compétences en matière de thérapie manuelle pour adapter son geste thérapeutique à chaque profil de patient. Il détermine les régions qui nécessitent son intervention pour relâcher les adhérences et les points de tension. Avec ses doigts, il repère les modifications de texture induites par les accolements des tissus. Il identifie les nodules musculaires et agit de façon méthodique de l’extérieur vers le centre du nœud. Enfin, il manipule le crochet à deux mains pour associer palpation et placement du crochet au point cible.
De fait, c’est l’expertise du kiné et sa dextérité qui garantissent une intervention thérapeutique indolore et efficace pour le patient. C’est pourquoi une formation en kiné crochet est indispensable pour doter les praticiens de toutes les compétences nécessaires à ce type de traitement. Tout comme la technique des ventouses en kiné qui peut également donner de bons résultats pour soulager les muscles, les maux de dos, etc.
Indications et bénéfices de l’utilisation du crochet en kiné
Le crochet est une technique utilisée en séance de kinésithérapie pour traiter diverses pathologies :
- les adhérences (épanchement tissulaire consécutif à un traumatisme ou limitation articulaire post-chirurgicale) ;
- les syndromes trophiques (syndrome des loges ou algodystrophie) ;
- les douleurs d’origine neurologique (suite à une irritation mécanique, points réflexes, hypertonie) ;
- les algies de l’appareil musculo-squelettique et douleurs myofasciales (déchirures musculaires, contractures musculaires…) ;
- les lésions des tendons ou tendinopathies (tendinite d’Achille, épicondylite, épitrochléite, pubalgie des adducteurs…) ;
- le syndrome du canal carpien ;
- la maladie de Dupuytren ;
- les migraines, névralgies cervico-brachiale, sciatiques, occipitalgies d’Arnold et torticolis, etc.
Les avantages du crochet kiné en thérapie manuelle sont nombreux. On peut citer :
- Les effets mécaniques : l’action du crochet permet de rétablir le fonctionnement des plans de glissement, dont ceux entre les muscles. Ainsi, il libère les adhérences et les accolements présents dans diverses maladies.
- L’amélioration des échanges tissulaires et donc de l’œdème (réduction de l’inflammation et cicatrisation des tissus).
- La diminution des tensions et le rééquilibrage du système sympathique local avec stabilisation (homéostasie) de la région traitée.
- L’évacuation des tensions musculaires réflexes.
- La libération de zones enclavées (en cas de neuropathies, telles que le canal carpien, les sciatalgies, et cruralgies, les atteintes du nerf radial ou axillaire, etc.).
- La suppression des tensions au niveau des muscles à action proprioceptive (péroniers latéraux, sartorius).
- La protection des articulations en cas de traumatisme grâce au gain de vigilance musculaire.
Les formations kiné du sport abordent systématiquement la technique du crochet pour traiter les pathologies fréquentes du patient sportif : tendinites, contractures et déchirures musculaires, etc.
Précautions et contre-indications du crochetage en kiné
Avant toute chose, la première précaution concerne le praticien lui-même qui doit avoir été dûment formé à la technique du crochet, via une des formations continues de kinésithérapie. En effet, cette technique nécessite une excellente maîtrise du geste pour éviter toute blessure. L’acte doit être réalisé sans douleur, avec calme et douceur. Un praticien compétent et formé s’appuie sur des connaissances anatomiques précises, notamment en anatomie topographique. Il va identifier à la palpation les différents tissus, afin de ne pas risquer d’endommager des structures vasculaires ou neurologiques. Par ailleurs, il veillera à ne pas appliquer le crochet directement sur la zone symptomatique, car cela pourrait entraîner un effet de rebond et une aggravation de l’inflammation.
Ensuite, une bonne connaissance de la pratique du crochet inclut aussi l’identification de contre-indications comme :
- des traitement médicamenteux (neuroleptiques…) ;
- une fragilité cutanée : ulcères variqueux, peaux fines et fragilisées (seniors et maladies cutanées…) ;
- un problème vasculaire avec prise d’anticoagulants ;
- un fragilité capillaire sous-cutanée (risque d’ecchymose) ;
- la présence de ganglions lymphatiques ;
- une perte de sensibilité sur la zone traitée (hypoesthésie et, à l’inverse aussi, hyperesthésie) ;
- un profil psychologique du patient dont l’accord est nécessaire ;
- l’âge : les enfants présentent souvent une structure tissulaire hyper-mobile et souple, ce qui constitue une contre-indication à la technique du crochet.
Déroulé d’une séance de kinésithérapie au crochet
Une séance de crochetage réalisée par un kiné se déroule en quatre temps.
Tout d’abord, le praticien procède à une évaluation préliminaire pour déterminer le profil de son patient et écarter les contre-indications. Il questionne son patient et effectue plusieurs palpations pour vérifier l’état des tissus et identifier la zone à traiter.
Puis, il explique au patient en quoi consiste la technique du crochet pour recueillir son consentement éclairé.
Ensuite, le kiné passe à la manipulation proprement dite du crochet pour libérer les tensions musculaires. Il associe une palpation digitale (estimation de la mobilité des plans faciaux) à une palpation instrumentale (localisation des fibres conjonctives et corpuscules fibreux à traiter) pour terminer par une fibrolyse diacutanée (traitement des adhérences en cas de perte de glissement entre les tissus).
Enfin, il assure le suivi post-séance par des conseils et des traitements complémentaires pour optimiser les résultats (massage, taping, scraping, etc.).
Une formation au crochet kiné pour étendre son éventail de traitements
Pour pratiquer la technique du crochet en séance de kiné, il est nécessaire de suivre une formation à la technique de crochetage kiné. Celle-ci a vocation à étendre l’arsenal thérapeutique du praticien. Ainsi, il dispose de plusieurs principes d’action pour soigner son patient. Le crochet ne se substitue pas aux techniques kinésithérapeutiques mais complète les possibilités de prise en charge des troubles inter-tissulaires.
Ainsi, lorsque les kinésithérapeutes se forment au crochetage, ils ont la possibilité de :
- Combiner plusieurs méthodes et favoriser ainsi une synergie pour accélérer la cicatrisation, la récupération et la diminution immédiate des douleurs et symptômes.
- Proposer une offre de soins large et adaptée à chaque patient. Plus le kiné maîtrise de techniques, plus il dispose d’un choix thérapeutique susceptible de convenir à la diversité des patients et de leurs pathologies. La polyvalence professionnelle permet de personnaliser les traitements en fonction des besoins individuels.
- Entretenir sa réputation et son professionnalisme auprès de ses patients à travers une offre de soins riche et variée. Les kinés ont à y gagner la confiance de leurs patients qui apprécient leur haut niveau de compétence.
- Mettre à jour ses compétences professionnelles grâce à la formation continue. Les métiers de la santé réclament d’actualiser ses compétences régulièrement afin de profiter de l’avancée de la recherche médicale et de l’innovation technologique.
La technique du crochet constitue un moyen intéressant de traitement pour atteindre des tissus inatteignables avec les doigts. Elle intervient pour soulager et soigner de nombreuses pathologies impliquant des adhérences et des accolements, des contractures, des tendinites, etc.
De fait, elle nécessite une formation spécifique afin de bien maîtriser le geste thérapeutique, rassurer son patient et éviter tout risque de blessure. Le cadre de la formation continue fournit de multiples occasions de parfaire ses connaissances et d’acquérir de nouvelles compétences. La pratique du crochetage peut être abordée au cours d’une formation spécifique mais aussi à l’occasion de formations en kiné du sport, ou encore de formations kiné en musculo-squelettique. N’hésitez pas à consulter l’offre de formation d’Assas Formations Santé pour trouver la formation qui vous convient !